Description: Départ du café chez Nicole qui se joint à nous pour la photo de départ, grand soleil.
Après avoir traversé la Hem on commence par une côte et un beau sous bois, après avoir traversé le bois, on rejoint le petit parking avant de traverser la route et on monte quelques marches en bois on rejoint le mont de Guémy et la chapelle Saint-Louis.
On rejoint le sous bois pour descendre un chemin tortueux et bien raviné, on rejoint un chemin puis la route.
On passe à côté du terrain de camping de Guémy puis on passe sur le nouveau pont qui traverse la Hem ( l'ancien et tombé suite à l'inondation dernière) et on rejoint la route et le parking d'où Jean-Maurice paie un verre pour son anniversaire.
Tournehem sur la Hem
104 937 habitants et on les nomme les Sarrazins.
La commune est traversée par la Hem ou Tiret, un cours d’eau naturel non navigable de 27,92 km, qui prend sa source dans la commune d’Escœuilles et rejoint l’Aa dans la commune de Sainte-Marie-Kerque
Une chapelle Saint-Louis nourrie de légendes
Si par un soir d’hiver, vous traversez la lande déserte, vous croirez marcher tout droit vers les Hauts de Hurlevent. Par une belle journée d’été, vous avez sous les yeux un des plus beaux panoramas du Calaisis. L’endroit est fascinant. Énigmatique. Magnifique. Les ruines de la chapelle Saint-Louis dominent l’horizon et sont les seules à offrir un peu d’ombre aux randonneurs… En les entourant de nombreux mystères.
Il faudrait commencer l’histoire de la chapelle Saint-Louis par “il était une fois peut-être“, car rien n’est moins certain quant à son origine. Il est question de druides, de souterrains, de Louis IX, d’une fontaine miraculeuse et d’une statue Notre Dame vénérée par les marins… L’Histoire, ici, se mêle volontiers aux légendes, aux récits merveilleux et nous laisse finalement toute la liberté de croire ou de ne pas croire. La chapelle Saint-Louis est un lieu à part, où chacun peut entrevoir une histoire chaotique où se mêlent la foi et les combats, des survivances et des abandons.
Rêveurs, promeneurs, conteurs, chacun peut s’arrêter et écouter le vent balayer le plateau et s’engouffrer entre les baies de la nef restées béantes. Ici, tout est de l’ordre de la sensation. De l’impression. On imagine autant qu’on regarde. Le paysage, les murs orphelins, les hautes herbes qui envahissent le chœur, les noms gravés dans la pierre, les visages grimaçants qui surgissent des murs… L’endroit laisse volontiers quelques portes du passé entrebâillées…
Il était donc une chapelle, de la taille d’une petite église, construite sur les hauteurs du hameau de Guémy, près de Tournehem sur la Hem. Juchée à 122 m de hauteur sur le mont Saint-Louis, elle offre une vue inégalable sur la vallée de Hem, la campagne ardrésienne, le cap Blanc-Nez, les premiers faubourgs de Calais… Et même par temps clair, pour les bons yeux, les falaises du sud de l’Angleterre. Cette position imprenable et isolée en fait naturellement une terre où vont se croiser des croyances venues de la nuit des temps et la grâce de l’architecture gothique. La rencontre ne pouvait qu’être qu’exceptionnelle, magnétique, nourrie de spiritualité et de mystères.
Laissons vite nos druides qui ont sans doute apprécié l’endroit si propice aux cultes anciens et dont la seule trace laissée est peut-être justement la christianisation du mont Saint-Louis et la présence de cette chapelle. Abordons plutôt la période la mieux connue de l’édifice, sa construction probable au XVe siècle par Antoine de Bourgogne dit le Grand-Bâtard de Bourgogne, seigneur de Tournehem. Les baies en forme de lancelette accréditent la période de construction au XVe siècle. Mais les raisons de sa fondation restent obscures. Un testament de la baronne de Guémy rédigé en 1744 fait mention de la chapelle dédiée à la Sainte-Vierge. Certains historiens pensent que le Grand-Bâtard de Bourgogne a peut-être en réalité reconstruit l’édifice en lieu et place d’une chapelle plus ancienne. Un édifice en lien avec le récit légendaire du roi Saint Louis.
Louis IX, Saint Louis (1214-1270) s’est forgé une place à part parmi les rois emblématiques de France. Sa réputation de monarque juste, mesuré, profondément croyant a survécu dans l’esprit populaire à travers l’image d’un roi rendant la justice sous un chêne… Même si la réalité est bien différente. Le voilà donc installant son armée sur les hauteurs de Guémy.
Peut-être fait-il face au énième soulèvement des grands barons, dont le comte de Boulogne, alliés au roi d’Angleterre, Henri III. La bataille de Bouvines, gagnée par son grand-père, Philippe Auguste, a consolidé le pouvoir capétien, mais n’a pas éteint l’hostilité des Plantagenêts et de leurs alliés. Les sarrasins, comme on surnomme – toujours aujourd’hui – les habitants de Tournehem sur la Hem sont retranchés dans la cité fortifiée. Les troupes royales manquent cruellement d’eau, séparées de la rivière par les troupes adverses. Qu’à cela ne tienne, le roi prend son sceptre à la main et frappe trois fois le sol. Au premier coup, des eaux boueuses jaillirent, au second, de la matière, au troisième, une eau claire et limpide. Pour remercier Dieu du miracle, Saint-Louis confia à son frère, Robert Ier d’Artois, le soin d’ériger une chapelle dédiée à Notre-Dame.
Deux siècles plus tard, au XVe siècle, probablement entre 1445 et 1504, Antoine de Bourgogne fait construire ou reconstruire la chapelle que nous voyons aujourd’hui. Certains historiens en font même le lieu primitif du pèlerinage d’Ardres : On retrouve la trace au XVIe sur le Mont Saint Louis d’une chapelle dédiée à la Vierge et qui faisait l’objet d’un pèlerinage de marins. Sa position en hauteur, la rendait, en effet, visible de la côte où les pêcheurs, de leurs bateaux, pouvaient ainsi la saluer. Lors du violent conflit qui éclata avec les Espagnols au milieu du XVIe, on emporta la statue en lieu sûr à Ardres. La chapelle Saint-Louis dévastée ne fut jamais reconstruite. Le culte de Notre-Dame de Grâce resta à Ardres où il fait toujours l’objet d’une procession au mois d’août.
Ajoutons pour la petite histoire, que non loin des ruines du Mont Saint-Louis, en plein cœur de la forêt domaniale de Tournehem se trouve une autre chapelle dédiée à la Vierge : la chapelle Notre Dame de la Forêt. Construite en 1713, c’est un témoignage rare des chapelles rurales du Calaisis. Ce très joli lieu de promenade fait toujours l’objet, lui aussi, d’une procession le 15 août.
On dit que la fontaine réputée pour être miraculeuse coula de nombreuses années. On venait de loin pour faire guérir les écrouelles. Cette maladie infectieuse touchait les ganglions lymphatiques du cou. Il faut souligner que la guérison des écrouelles était un pouvoir accordé aux rois de France… D’où le lien avec Saint Louis. Un jour, le propriétaire d’un champ qu’elle traversait, gêné peut-être par cette vénération envahissante, décida de la tarir. Il jeta du vif argent, c’est-à-dire du mercure, dans la source empoisonnant l’eau. La punition du ciel ne se fit pas attendre. On dit que l’homme se dessécha en même temps que la source.
Quant aux souterrains … Ils courent encore sous la chapelle, mais pas pour rejoindre Ardres, Tournehem voire Calais ou Saint Omer… Comme on l’a dit trop souvent. S’il y a bien effectivement des galeries souterraines, elles débouchent en réalité sur d’anciennes carrières de craies. Carrières qui ont servi pour la construction de la chapelle Saint-Louis, mais aussi d’autres édifices de la région. Citons notamment l’église de l’abbaye Saint-Bertin à Saint-Omer. Un site magnifique à voir, superbement aménagé et qui vaut vraiment un détour.
Philippe Marie jo Lucile